Les projets de transcription et de publication au XXe

Dans les années 1960, il était question de la publication éventuelle du « Chabron » (1) . Nous le voyons dans le bulletin de la Société Académique, tome XXXXV, à l’ordre du jour de la séance du 13 juin 1968 :

« Par la même occasion, on pourrait s’occuper du manuscrit Chabron qu’étudie Mr. Bachelier (2)  »

.1. La commission spéciale en charge du « Chabron »

Depuis un certain temps un projet bouillait dans la tête de certains membres de la Société Académique : Pierre Lashermes (3), Jean-René Mestre (4) et Jean-Claude Besqueut (5), qui s’était déjà penché sur le sujet, comprenaient la nécessité de publier le « Chabron ». Cela (re)commença donc en 1982, pendant la séance du 10 mars. Pierre Lashermes, décidait de relancer l’ « affaire Chabron » dans une communication intitulée L'histoire de la maison de Polignac par Chabron :

« M. Lashermes soulève le problème de l'édition de « L'Histoire de la Maison de Polignac », par Gaspard Chabron, dont il n'existe plus à l'heure actuelle que quatre copies, l'original ayant disparu en mai 1871, lors des troubles qui ensanglantè­rent Paris. La Société en possède une depuis 1870 grâce à l'obligeance de M. le Duc de Polignac. La publication de cet intéressant et important document mettrait à la disposition des chercheurs, une mine de renseignements dont plusieurs ont dis­paru ou sont inédits.
Le Président, tout disposé à cette publication, précise qu'elle ne peut être effectuée qu'avec l'autorisation de la famille de Polignac. Il l'a déjà demandée au Duc de Polignac dont il attend la réponse.
A la suite de ces exposés s'instaure un débat, et sur propo­sition du Président, une Commission est nommée pour étudier tous les aspects de cette question et présenter ses observations à une prochaine réunion. Cette commission est composée de MM. Pomarat, Lashermes, Besqueut, Mestre, Bordes, Audiard, Pioli, Sigaud et Boyer. Elle se réunira le mercredi 24 mars 1982 à 14 h 30 (6)
. »

Dans un autre compte-rendu du 12 mai 1982, intitulé « La maison de Polignac » Pierre Lashermes explique la continuité du projet :

« Au cours de la visite faite au château de Polignac M. le Duc a présenté à la délégation conduite par M. le Président de la Société Académique, le manuscrit de l'Histoire de Polignac de Chabron qu'il détient.

Ainsi ce document que l'un croyait détruit en 1871 lors des incidents de la Commune existe tou­jours; l'Hôtel Crillon ayant lui-même été épargné.
La confrontation des deux documents nous a prouvé qu'il s'agissait bien du manuscrit ayant servi à faire la copie. Malheureusement, les pages qui devaient figurer les reproductions des fresques du temple d'Apollon sont vierges. Ainsi, elles ont disparu à jamais.

Guy, marquis de Polignac, a fait imprimer vers 1890 chez Didot, le manuscrit de Truchard du Molin sur la Vicomté de Polignac. L'affaire a eu lieu, dit Mazon, dans des circonstances particulières. Le manuscrit ayant été acheté par le marquis, celui-ci a voulu le faire imprimer. Les héritiers de l'auteur se manifestèrent pour toucher les droits que la loi leur reconnais­sait. Aussi le marquis n'en fit tirer que 30 exemplaires sur papier Japon qui lui revinrent, dit-on, à 30.000 F pour les donner à quelques amis en sorte que l'édition n'ayant pas été mise dans le commerce pouvait dés lors être considérée comme une copie. Les héritiers se sont alors trouvés déçus dans leur réclamation.

A noter que la bibliothèque municipale du Puy conserve l'exemplaire N° 23.
Peut-être serait-il intéressant de vérifier le bien-fondé de cette allégation pour que ne se répète pas l'erreur comme celle ci-dessus.

Ce marquis Guy de Polignac est celui qui a épousé en 1879 Jeanne-Alexandrine Louise Pommery ; il est mort en 1901.
C'est à lui qu'on doit la restauration du donjon. »

La commission spéciale « Chabron » s’était réunie plusieurs fois. Le travail consistait d’abord en un partage du travail de transcription. Chacun avait son passage du Chabron à retranscrire. La volonté de la commission était de produire un texte brut pour qu’après il existe plus de liberté de l’annoter.

2. Mission retranscription réussie mais la Société Académique se décourage pour l’édition du Chabron.

Malheureusement, une fois le travail accompli, la direction de la Société Académique décidait d’un tout autre sort pour l’avenir du manuscrit : nous sommes pendant la séance du mercredi 9 mai 1984. Une communication qui porte le titre « Le Manuscrit de l'Histoire de la Maison de Polignac par Chabron » allait scellait le sort de tout ce travail :

            « Comme convenu, le Bureau de la Société s'est réuni le 24 avril, sous la présidence de M. Brolles. M. Pomarat souffrant, et M. Pébellier absent du Puy, s'étaient excusés.
En présence de M. Lashermes, promoteur de la publication de cet ouvrage, d'après la copie que possède la Société, le Bureau a minutieusement examiné le devis présenté et a établi un pro­jet chiffré. Le président donne connaissance de ce projet qui épuiserait presque entièrement l'avoir de la Société. Dans ces conditions il est d’avis de ne pas entreprendre la publication du manuscrit malgré l'intérêt qu'il représente. Mis aux voix cet avis est adopté à une très grande majorité. Il faut ajouter que le texte de l'ouvrage dont le succès serait d'ailleurs incertain n'est pas en l’état d'être remis à l'imprimeur car il conviendrait de l’annoter comme l'on fait Chassaing, archiviste-paléographe, pour l'édition de nos chroniqueurs locaux et Jacotin, archiviste départemental, pour l'édition des preuves de la maison de Polignac travail qui demanderait encore beaucoup de temps de recherches et de compétences.
Il convient de noter que l'histoire de Chabron n'a été publiée ni par la famille de Polignac qui en possède au moins une copie manuscrite, ni par nos prédécesseurs à la société académique qui l’avait pourtant envisagé (octobre 1963 notamment).

Le président remercie vivement M. Lashermes de son travail et de son dévouement et ceux de nos collègues qui ont participé à la dactylographie du manuscrit. Cet important travail pourra être utilisé un jour si la publication est à nouveau envisagée ou si un éditeur voulait s'en charger . »

 

Après cette décision ceux qui s’étaient tant dévoués à la transcription de ce manuscrit se retrouvèrent orphelin du « Chabron ».

Le manuscrit devait bientôt connaître un autre destin.

Il fut repris par un homme dont la compétence ne fait aucun doute. Monsieur le professeur François Hubert Forestier récupéra les transcriptions et se lança, en accord avec le Duc de Polignac, dans le projet d’une édition de luxe .

L’ensemble de la communauté scientifique et les amateurs d’Histoire attendent avec impatience cette version du « Chabron » qui devrait voir le jour dans peu de temps

(1)Bulletin historique, scientifique, littéraire, artistique et agricole, illustré, Tome XXXV, Le Puy : éditions de la Société Académique du Puy et de la Haute-Loire, 1969, p. 208.

 

(2) Émile-Joseph-Alexandre BACHELIER (Né à Saint-Didier-en-Velay le 27/06/1888. Décédé à Craponne le 21/12/1978). Reçu docteur en médecine par la faculté de Lyon, il vint s’installer à Craponne (1913). Mobilisé comme médecin de bataillon pendant la guerre de 1914-18, son courage lui valut la croix de guerre. Érudit historien et archéologue, il est l’auteur de nombreux ouvrages et chroniques d’histoire locale, quelquefois sous le pseudonyme de SAINT-DIDIER. Membre de la Société Académique du Puy, et de l’Almanach de Brioude. Histoire du Velay : les institutions, des origines aux invasions barbares (Yssingeaux, 1936).
(3) Pierre-Joseph-Maurice LASHERMES (Nice, Alpes-Maritimes le 1/04/1919. Décédé au Puy le 25/01/2003. Issu d’une ancienne famille vellave, Pierre Lashermes a fait sa carrière dans la Loire, le Rhône jusqu’à sa nomination, en 1970, au service de l’inspection du travail au Puy. Expert auprès du tribunal de la sécurité sociale, agent des Forces Françaises Combattantes, médaillé de la Résistance, il était membre de la Société Académique du Puy et des Amis d’Artias. Des chroniques d’histoire locale dans Trait d’Union et de nombreuses communications (BHSAc).
(4) Jean-René MESTRE. A vu le jour à Lyon, Rhône le 18/09/1958. D’origine vellave, Jean-René Mestre est docteur ès sciences pharmaceutiques. Outre des articles dans L’Eveil de la Haute-Loire, on lui doit certaines études d’histoire locale dans Per lous Chamis, Les Cahiers de Craponne, etc. Président-fondateur de la Société des amis du musée Crozatier du Puy.

(5) Jean Claude BESQUEUT. Né au Puy le 12/01/1950. Etudes d’histoire locale, très appréciées, dans Per lous Chamis : Les souterrains de la Haute-Loire ; La légende d’Apollon à Polignac ; Les incidences de la Croisade des Albigeois en Velay ; Artisanat religieux (1982) ; Décors insolites des maisons de vigne (1983) ; Requiem pour une race : la mézine (1984) ; Le clergé réfractaire, moteur de la contre-Révolution dans l’ouvrage collectif : La Haute-Loire et la Révolution française (1988) ; Nos samedi matin, la cuisine de l’amitié, collectif (1996), et avec Gaston Joubert : Le journal d’un bourgeois du Puy au XVIIIe siècle ou le vrai journal de Jean-Dominique Mialon (Editions du Roure, 1997). Il est aussi le personnage phare d’une nouvelle de Bernard Prou, Le Baron de Ceyssac, éditée aux éditions du Roure (2003).

(6) Bulletin historique, scientifique, littéraire, artistique et agricole, illustré, Tome LX, Le Puy : éditions de la Société Académique du Puy et de la Haute-Loire, 1984, p. 124.
(7) Bulletin historique, scientifique, littéraire, artistique et agricole, Tome LXII, Le Puy : éd. de la Société Académique du Puy et de la Haute-Loire, 1986, p. 76-77.
(8) François-Hubert-Jean-Gabriel FORESTIER Né à Paris (16e) le 17/08/1929. Il est docteur ès sciences physiques et professeur de chimie minérale à l’Université de Strasbourg. François Hubert Forestier est  aussi géologue, docteur ès sciences (thèse : Métamorphisme hercynien et antéhercynien dans le bassin du haut-Allier, 1963), attaché de recherches au CNRS. Professeur de pétrologie et de minéralogie à l’Université de Nantes. Membre du comité consultatif des Universités (1970). Il a publié : Découverte de niveaux d’amphibolites à pargasite, anorthite, corindon et saphirine dans les schistes cristallins de la vallée du haut-Allier. Existence du faciès granulite dans le Massif Central français (in Contribution to Mineralogy and Petrology, T 23, 1969, en collaboration avec Bernard Lasnier), ainsi que des études (CHL, AlB) et différentes autres publications. Président des Cartophiles vellaves. Officier des Palmes académiques, chevalier des Arts et des Lettres. Il possède une des bibliothèques les mieux fournies en histoire locale. Il s’apprête à publier une bibliographie générale des ouvrages imprimés en Haute-Loire ou ayant trait à ce département.